JEAN-JOSEPH CASSANÉA MONDONVILLE (1711-1772)
Mondonville naît le 25 décembre 1711 à Narbonne. Violoniste et compositeur, il apprit la musique dans sa ville natale à Bordeaux, avant de chercher fortune à Paris en 1731, où il débute au Concert-Spirituel. Brillant musicien, il devient en 1738 premier violon du Concert de Lille, tout en continuant de se faire entendre à Paris. Au mois de mars de la même année, ses motets sont exécutés pour la première fois à Versailles, puis au Concert-Spirituel l’année suivante, où ils seront toujours autant appréciés du public. Le 1er avril 1739, il est nommé violon de la Chambre et de la Chapelle du roi. En juillet 1740, en survivance d’André Campra, il devient sous-maître de la Chapelle, mais ne deviendra titulaire de la charge que le 4 mars 1744 après le décès de Charles-Hubert Gervais. En 1744 et 1745, il forme un duo avec le violoniste Jean-Pierre Guignon, leur audace les fait remarquer et enthousiasme le public. En 1747, Érigone est représenté au Théâtre des Petits-Cabinets avec Madame de Pompadour en rôle principal. Il se marie la même année avec la claveciniste Anne Jeanne Boucon, une élève de Rameau ; leur couple fut heureux. Le 6 juin 1748, il collabore avec Pancrace Royer à la direction Concert-Spirituel où ses motets sont toujours applaudis et forment la base du répertoire (première le 17 mars 1750 de son motet Coeli enarrant, souvent repris). Son opéra Titon et l’Aurore, créé le 9 janvier 1753, joué en alternance avec la Serva padrona de Pergolèse, qui sert de fond à la Querelle des Bouffons pour défendre les couleurs françaises. L’année suivante, il créé Daphnis et Alcimadure, pastorale écrite en langue provençale.
Afficher plusAprès la mort de Royer, il devient directeur du Concert-Spirituel en janvier 1755. Sous son influence les motets à grand chœur sont progressivement remplacés par des petits motets. En 1758, à cause de l’interdiction de graver ses motets composés pour la Chapelle Royale, il démissionne de son poste de sous-maître. Le 14 mars de la même année, a lieu la création de l’oratorio sur paroles françaises Les Israélites à la montagne d’Oreb, premier du genre. En juillet 1762, il quitte la direction du Concert-Spirituel.
Fort de ses succès, il osa l’impensable : remettre en musique un ancien livret de Philippe Quinault, écrit pour Lully et toujours repris, Thésée, qu’il jouera le 7 novembre 1765 à Fontainebleau. Mais la pièce est un échec, ses récitatifs sont jugés trop plats comparés à ceux de Lully et le public condamne l’impie (le cri « thésée-vous Mondonville » était sur toutes les lèvres), exigeant et obtenant le retour de l’original.
Sous la direction d’Antoine Dauvergne, le Concert-Spirituel passe un contrat avec lui pour reprendre ses motets, toujours autant appréciés du public et redemandés.
L’œuvre de Mondonville n’est pas abondante, mais elle fut célèbre : ses motets furent unanimement adirés, ses opéras très populaires, même au pire moment de la Querelle des Bouffons. A plusieurs reprises le compositeur fut novateur. Il remit au goût du jour l’oratorio français ; dans la musique instrumentale, il réussit dans ses Pièces de clavecin en sonates, un équilibre entre le violon et le clavecin jamais atteint jusque-là ; ses Pièces de clavecin avec voix et violon demandent en fait leur double participation, et sont finalement de petits motets (les paroles sont tirées des psaumes) ; certaines difficultés vocales rappellent l’art de Farinelli (entendu à la Cour en 1736). Enfin, il est le premier à produire des sons harmoniques sur violon avec ses sonates Les Sons harmoniques.
Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville mourut à Belleville le 8 octobre 1772.
